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Chercheur et Auteur des livres FM de référence en matière de symbolisme et de formation.




IMPRESSIONS D'INITIATION


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Sommaire

 

Documentation

MA RECEPTION DANS L'ORDRE
par Richard B. de Les Chevaliers du Graal n° 1145. Or. de Chatou-Le Vésinet GLNF.

 

Je ne m’étais pas à proprement parler " préparé " pour cette cérémonie d’Initiation, désirant conserver le plus de spontanéité possible pour mieux ressentir et apprécier l’événement.

Il me semblait qu’à trop y penser à l’avance, je risquais de déformer ma perception en interposant entre la cérémonie et moi le filtre déformant d’idées préconçues.

J’arrivais largement en avance afin de pouvoir marcher un peu dehors sous les étoiles, car j’ai toujours besoin de me recueillir dans la Nature avant les grands événements.

Et me voici dans le cabinet de réflexion. La rupture entre le monde extérieur et cette pièce sombre est soudaine, c’est le premier choc de la soirée.

D’emblée, je perçois que tout a commencé. J’observe attentivement ce décor et ces objets, dont la signification m’échappe en grande partie. Le souffre, le sel et le mercure se rapportent à l’Alchimie et me soufflent que je dois ce soir opérer sur moi-même une transmutation pour passer du Profane à l’Initié. Le pain et l’eau me renvoient aux provisions dont les anciens Egyptiens munissaient leurs morts pour leur voyage vers l’au-delà. J’ai par contre du mal à comprendre pourquoi le coq voisine avec le crâne, la faux et le sablier, c’est à dire la Mort vers laquelle nous entraîne le Temps.

J’ignore le temps qui m’est imparti, aussi je remplis immédiatement le questionnaire fourni. Ce faisant, j’essaye d’être aussi spontané que possible, sans chercher " la " bonne réponse qui, de toutes manières, n’existe pas. Mon testament philosophique est rapidement fait lui aussi. Je n’ai pas grand chose à léguer, sinon l’espoir d’avoir été à peu près droit, le regret de ne pas avoir fait mieux, et enfin recommander ceux qui restent à Dieu. Et me voici seul dans cette faible lumière, seul face à mon reflet dans ce miroir. Cela dure et dure encore, et je comprends qu’il faut que ce soit long, précisément pour provoquer ce face à face avec moi-même. Je dois bien regarder celui que je suis droit dans les yeux, sonder mon cœur et mon âme et me dire que oui, décidément, je veux devenir un autre ce soir. Pour cela, je dois mourir d’une certaine façon afin de renaître et, du coup, je vois pourquoi le coq voisine avec la Mort : il chantera l’Aube qui poindra après la Nuit dans laquelle je me trouve.

Et cela fonctionne : lorsque l’on vient me préparer, je ne suis déjà plus le même, je ne suis plus tout à fait dans le monde extérieur. Je ne suis d’ailleurs pas choqué par ma tenue ; le cœur à nu, claudiquant, la corde au cou et les yeux bandés, je suis bien plus réceptif à ce tout qui m’entoure. L’isolation dont je sors m’y a préparé, la privation de la vue m’y aide encore. Notre société fait bien trop de place à la vue, au spectaculaire. Je ne dois pas voir, parce la vue inhibe les autres sens. Je pense aux paroles de mon bien-aimé Saint-Exupéry : " On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux. "

L’entrée dans la Loge est un second choc, avec ce jeu compliqué de questions/réponses. Je passe la porte courbé en deux, probablement en signe d’humilité, " par la petite porte ".

A partir de ce moment, je me laisse guider avec la plus totale confiance par les mains qui me dirigent et les voix qui me soufflent mes réponses. Je sens avec certitude qu’il me faut soit faire confiance, soit tout arrêter, mais cette dernière éventualité ne me vient même pas à l’esprit, même lorsque je sens une arme sur mon cœur.

Le formalisme du rituel ne m’étonne donc pas, je l’accepte sans le comprendre, ce qui est d’ailleurs inhabituel chez moi ! Je suis par contre bien plus frappé par le nombre de fois où l’on me demande de confirmer ma volonté d’entrer en Maçonnerie . Mentalement je les compte et arrive au total de neuf, trois fois trois. Bien que décidé, je suis quelque peu ébranlé par cette insistance. Est-ce donc si terrible de demander la Lumière ?

Il semble bien que oui, car les événement se précipitent. Entre la coupe amère promise aux parjures, les voyages semés d’obstacles dans le tumulte et le fracas des armes puis le serment genou en terre, je réalise avec de plus en plus de force que rien ne sera plus comme avant. Je suis saisi d’un tremblement nerveux. Ce n’est pas la peur : j’ai juste envie d’aller de l’avant, que le bandeau tombe enfin et d’arriver au terme, non par simple impatience, mais parce que je suis maintenant sûr et certain, malgré les mises en garde et les épreuves – ou même à cause d’elles - de vouloir être Maçon. C’était sans doute la raison d’être de ce rituel : m’amener à être totalement présent dans l’acte au moment du serment final.

Le bandeau tombe enfin sur une scène impressionnante : les colonnes, les flambeaux, le damier, un corps étendu sous un linge en sang et des épées pointées sur moi, je vois tout en un éclair, sous le delta lumineux. C’est le troisième grand choc. C’était aussi le dernier coup pour nous éprouver, mon jumeau et moi.

A partir de notre retour dans une tenue moins déstabilisante, je sens sous le bandeau que l’ambiance est moins tendue, mais au contraire de plus en plus chaleureuse. Je note que l’on ne nous appelle plus " profanes " et que nous sommes intégrés à une chaîne humaine. Nous commencerions donc à être acceptés. Il ne manque plus que la lumière. La voici de nouveau, et plus d’épée ni de cadavre, juste une mise en garde contre nous-mêmes, notre pire ennemi.

Il me semble ensuite que tout va très vite. Je ne sais pas si c’est la vue retrouvée ou l’émotion et la joie d’arriver au bout des épreuves, mais tout se confond dans un formidable élan.

La réception par le Vénérable Maître après mon serment final me fait penser à un adoubement chevaleresque. Les trois verbes s’impriment dans ma mémoire : " je vous crée, constitue et reçois apprenti Franc-Maçon … " L’instant est extraordinairement intense et émouvant, tout comme le moment où l’on me ceint du tablier blanc. J’ai réellement l’impression d’être reçu Chevalier du Graal, et jamais nom ne m’a paru plus approprié que celui-ci.

A partir de ce moment, je suis si ému que tout se mêle et se brouille dans mon esprit et ma mémoire: mes trois premiers coups malhabiles sur la pierre brute, l’instruction, le discours du Frère Orateur et la fin de la Tenue, à la place qui est désormais la nôtre, sur la colonne du Nord. " La nôtre " car mon jumeau est là, tout aussi ému que moi, je le sens.

Enfin, on brûle nos dernières volontés de profanes, signe que nous sommes bel et bien au seuil d’une nouvelle vie. Il ne reste plus de l’homme ancien qu’un peu de cendres, à conserver pour se souvenir de ce passage, de cette transformation qui vient de s’opérer.

Puis nos Frères nous félicitent, amplifiant par leur accueil chaleureux cette grande joie et cette immense émotion. Je repense alors à mon entrée dans le cabinet de réflexion. Oui, les choses ont bien changé depuis lors. Une porte s’est ouverte, tenue par des mains fraternelles qui m’ont ensuite guidé dans ma nuit. A tous, je dois cette joie, à tous je dois d’avoir vécu l’une des plus intenses soirées de ma vie. A tous, je dois de pouvoir me dire cette chose que je sais, mais que j’ai encore du mal à croire et à réaliser :   Je suis Franc-Maçon !

A vous tous mes Frères, merci !

J'ai .... V.M.




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